Comment exploiter la vidéo en classe de langues ?

Quoi de mieux qu’une vidéo pour aider vos élèves dans l’apprentissage d’une langue ? Après tout, n’est-ce pas un excellent moyen de travailler la compréhension ou l’expression orale ? Dans cet article, nous vous expliquons comment exploiter la vidéo en classe de langues et quels sont ses bénéfices.

L’usage de la vidéo n’est pas nouveau, l’utilisation de la télévision dite éducative existait déjà dans les années 60 et un grand nombre de pédagogues se sont depuis penchés sur la question de son usage.

Comme le souligne Daniel Perayala vidéo à visée éducative connaît, de nos jours, un nouvel essor.

Dans un monde où l’image est omniprésente et s’imprime dans la rétine, que ce soit à travers les écrans de télévision, d’ordinateur, de tablette ou de smartphone, quel usage peut-on faire de la vidéo dans les classes de langues étrangères ?

Place aujourd’hui à l’apprentissage en haute définition. Ça tourne, action !

 

Pourquoi utiliser la vidéo en classe de langues ?

C’est, par définition, la question que vous devez vous poser en préparant votre classe. Elle est reliée à un grand nombre d’autres question qui vont donc en découler.

Comment exploiter telle ou telle vidéo en classe de langues ? Pourquoi l’utiliser ? Quelles sont les compétences pédagogiques que mes élèves vont développer ? Comment s’intègre-t-elle à mon programme pédagogique ?

La vidéo est une ouverture au monde

La vidéo est un support très utile en cours de langues pour une raison évidente : elle permet de faire entrer dans la classe le monde extérieur, car au-delà du lexique et de la grammaire, l’enseignement des langues, c’est l’enseignement des cultures. La vidéo ouvre ainsi le champ libre à l’aspect interculturel.

Que vous soyez professeur d’anglais, d’espagnol, d’allemand ou autres, quoi de mieux qu’une immersion visuelle et auditive pour aider les élèves à s’approprier une réalité si éloignée de la leur ? Comment ouvrir les esprits à l’altérité et aux cultures diverses si la classe de langue reste un lieu clos ?

Vidéos authentiques non didactisées, reportages, films… l’accès au support vidéo est aujourd’hui facilité par le numérique et on aurait bien tort de se priver d’une telle ouverture au monde à portée de doigts.

 

Un exemple avec ces "reportajes" permettant de découvrir l'Espagne et l'Amérique Latine en partant à la rencontre des acteurs locaux :

La vidéo est un levier motivationnel

Les professeurs de langue vivante ont une grande variété de documents audiovisuels à leur disposition pour éveiller la curiosité de leurs élèves. Qu’il s’agisse de documents didactisés à visée pédagogique ou de documents dits authentiques, la vidéo est porteuse de sens pour les apprenants, ce qui les amène à s’impliquer pour accéder à une compréhension des situations de communication via le support vidéo.

Lorsque la vidéo est perçue par les apprenants comme une réponse à une problématique, un apport de sens, un complément utile à leur apprentissage, dès lors la vidéo devient un vecteur de motivation.

La vidéo permet d'apprendre à son rythme

L’un des premiers conseils que j’ai reçus en tant que professeur de langue étrangère a été le suivant : « Repeat as a breaking record », « Répète comme un disque rayé ». Soit. L’enseignement est fait de répétition constante, c’est un fait. C’est d’autant plus vrai en cours de langue où l’apprentissage se fait par un rebrassage perpétuel du lexique, de la grammaire, et une écoute répétée pour s’approprier phonétique et prosodie.

C’est donc par la répétition que s’acquiert la compréhension orale et par elle, la production orale. Cependant on peut désormais substituer nos vieilles K7 rayées par des vidéos en HD pour faciliter l’apprentissage, c’est un avantage précieux. L’écoute devient accessible à tout moment en tout lieu et la vidéo permet de développer des stratégies de compréhension (gestes, expressions faciales…) au rythme de chacun.

 

Un exemple avec les vidéos "mis estrategias" qui fournissent aux élèves des clés de compréhension et d'expression orale, comme ici pour un document vidéo :

Comment bien exploiter la vidéo en classe de langues ?

La vidéo est un précieux support d’enseignement mais - bien évidemment - ce ne doit pas être un prétexte pour simplement regarder un bon film. L'utilisation de la vidéo correspond bien sûr à des objectifs de cours fixés en amont. Cependant, visionner une vidéo en classe de langue nécessite donc un peu de préparation pour éviter de laisser place à la passivité des élèves face à l’écran.

Voici 5 bonnes pratiques pour utiliser la vidéo en classe :

  1. S'assurer que la vidéo ne heurte pas la sensibilité de votre public d’apprenants ;

  2. Clarifier en amont vos objectifs de cours : l’objectif est-il lexical, grammatical, culturel ?

  3. Choisir une vidéo qui illustre ou introduit ce point de façon claire et synthétique : on préférera une vidéo brève (2 minutes maximum) avec un fractionnement efficace de l’information à une longue vidéo dont le contenu peut être complexe à comprendre ;

  4. Faciliter la compréhension par un apport de lexique en amont : des supports a priori attractifs comme des trailers peuvent donner lieu à des difficultés de compréhension ;

  5. Visionner la vidéo plusieurs fois et préparer un simple QCM sur papier ou un questionnaire sur Kahoot! avec son corrigé pour que les élèves s’investissent de façon active.

Comment bien choisir une vidéo pour sa classe ?

Afin d’optimiser un temps pédagogique précieux, il est important de bien choisir son support en fonction de l’usage que l’on souhaite en faire.

Retrouvez 5 types de vidéos que vous pouvez utiliser en classe :

 

  1. Des vidéos d’anticipation en classe ou à la maison en mode classe inversée : Il peut s’agir d’une introduction visuelle pour établir une problématique et soulever des questions qui seront abordées en classe. Les vidéos peuvent alors être un peu plus longues - comprises entre 2 et 10 minutes. On veillera cependant à ne pas dépasser les 15 minutes pour ne pas noyer l’élève dans un flot d’informations trop dense. Par exemple, si vous envisagez d’introduire le thème de la maison et le vocabulaire associé aux pièces et mobilier, vous pouvez utiliser une vidéo authentique d’une agence immobilière qui présente la maison et ses différentes pièces suivi par un petit questionnaire de compréhension que vos élèves auront à remplir

  2. Des vidéos support de différenciation  : On le sait bien, à chacun son style et son rythme d’apprentissage ! La vidéo est alors un support audiovisuel pertinent pour faciliter l’apprentissage de chacun. Le fait de pouvoir stopper la vidéo, de l’accélérer à certains points clefs facilite l’accès à la compréhension des élèves en fonction de leurs besoins d’apprentissage. En outre une vidéo pourra être sous-titrée en langue cible au besoin pour des élèves moins à l’aise.

  3. Des vidéos support de Compréhension Orale : Pour des entraînements en vue des évaluations du BAC par exemple.   

  4. Des vidéos support de projet  : Elles permettent d’aider les élèves à travailler en autonomie.

  5. Des vidéos d’approfondissement culturel : Pas d’enseignement de langues sans enseignement de culture ! La vidéo permet un ancrage culturel réel et authentique du langage enseigné.

 

Et si vous vous lanciez une capsule vidéo avec votre classe ?

Si j’évoquais jusque-là les vidéos prêtes à l’usage que l’on trouve à foison sur diverses plateforme type YouTube ou bien dans les ouvrages scolaires, il est une tendance pédagogique qui a vu son essor pendant la période de confinement : la capsule vidéo faite maison.

En quelques mots, c’est une vidéo faite par vos soins où vous exposez une notion avec votre propre voix enregistrée et vos propres supports (utilisation de tableau virtuel, partage de PowerPoint, import d’autres vidéos que vous insérez). Bref, vous êtes le scénariste, l’acteur, la voix off, et le réalisateur.

L’avantage est double : vous maîtrisez votre contenu de l’introduction au générique de fin et vos élèves peuvent visionner votre vidéo à leur rythme. C’est le support rêvé pour la classe inversée. Alors à vos caméras, le réalisateur en herbe, c’est vous !