Dyslexie, Dysorthographie : comprendre les troubles du langage écrit

La dyslexie et la dysorthographie sont des troubles spécifiques d'apprentissage qui touchent la lecture et l'écriture. Ces difficultés se manifestent par des erreurs et une lenteur dans la lecture, des difficultés de compréhension des textes lus, ainsi que des problèmes d'orthographe. Comment apporter un soutien adapté à ces élèves ?

Apprendre est une activité qui demande la mobilisation de ressources importantes. Au fil des années et des réussites, les apprentissages se construisent, se consolident et s’automatisent pour permettre le progrès. Mais parfois, malgré les efforts et la volonté de réussir, l’apprentissage s’avère difficile. Quels sont ces troubles qui viennent compliquer l’apprentissage de la lecture et de l’écriture chez vos élèves ? Comment les aider à trouver un autre chemin dans l’apprentissage ? Emilie Martin et Françoise Clairet, orthophonistes et autrices de plusieurs méthodes de lectures pour Hachette Éducation, partagent leur expérience, vous donnent des pistes de réflexions et des outils concrets.

Cet article fait partie d’un ensemble consacré aux différents types de troubles de l’apprentissage. L'objectif n'est pas d'amener l’enseignant à poser un diagnostic mais d’apporter un maximum de connaissances sur ces différents troubles et ce qu’ils impliquent et de faire connaitre les moyens de compensation à mettre en place pour les élèves concernés. Retrouvez également Françoise Clairet et Emilie Martin dans ce webinaire consacré à la question.

Comprendre la dyslexie et la dysorthographie

La dyslexie et la dysorthographie sont des troubles cognitifs spécifiques qui affectent l'apprentissage du langage écrit. La dyslexie est principalement caractérisée par des difficultés dans l'acquisition et la maîtrise de la lecture, tandis que la dysorthographie se manifeste par des problèmes d'expression écrite, notamment en orthographe. Ces troubles sont d'origine neurologique et peuvent avoir des conséquences significatives sur le parcours scolaire d'un enfant.

Ces troubles ne sont pas le résultat d'un manque d'intelligence ou d'effort, mais proviennent d'un dysfonctionnement dans certaines zones du cerveau impliquées dans le traitement du langage écrit. Des études en neurosciences et en imagerie cérébrale ont permis de mieux comprendre ces troubles et de développer des méthodes de rééducation et des outils de compensation adaptés.

La dyslexie : une définition claire

La dyslexie est un trouble qui perturbe l’apprentissage de la lecture. Pour rappel, on distingue deux voies dans cet apprentissage :

  • la voie d’assemblage correspond au décodage. L’apprenti lecteur fait le lien entre la lettre écrite, le graphème, et le son produit, le phonème. Il existe par ailleurs des graphèmes simples (le T par exemple) et des graphèmes complexes constitués de plusieurs lettres (OU, ON, AN..) ou prononçables de plusieurs façons (comme le G). Ces correspondances graphème-phonème permettent de décoder de nouveaux mots et des pseudo-mots (des mots inventés). C’est la voie de la précision.
  • la voie d’adressage correspond à la reconnaissance visuelle des mots connus, c’est la voie de la rapidité. Elle s’installe après la voie d’assemblage, une fois qu’un stock lexical orthographique s’est constitué et est mémorisé.
  • Un bon lecteur utilise les deux voies : il ne décode pas les mots qu’il connaît déjà, mais le décodage est acquis pour lire des nouveaux mots, des noms propres ou des noms inventés.

Comment distinguer un dyslexique d’un mauvais lecteur ? Selon Emilie Martin, ce dernier a de bonnes capacités de décodage, au niveau phonologique, visuel et mnésique, mais une faible voire absence d’exposition au langage oral et écrit, un manque d’entrainement au décodage puis une pauvreté du vocabulaire et des représentations entraînent des difficultés de compréhension du langage écrit. Sa courbe de progression peut donc s’en trouver décalée mais le retard est rattrapable avec un travail spécifique. La dyslexie est un trouble structurel de la reconnaissance des mots écrits qui affecte des individus sans déficit intellectuel et qui ont été suffisamment exposés au langage écrit. C’est un trouble qui affecte la courbe de progression de manière durable et persistante en dépit des aides qu’on peut mettre en place.

Quels sont les types de dyslexie ?

La dyslexie phonologique représente 95% des cas de dyslexie et affecte la voie d’assemblage. Les élèves concernés montrent des difficultés à lire des mots nouveaux ou des mots inventés, à décoder, à reconnaître les constituants des mots et à mémoriser le graphème qui correspond. Les fameuses correspondances graphèmes-phonèmes sont compliquées, c’est à dire qu’ils ne mémorisent pas les sons que font les lettres à cause de plusieurs capacités déficitaires : la conscience phonologique, qui aide à comprendre et à analyser la composition du langage oral en sons - ce qui entraîne des difficultés à diviser les mots en syllabes, à identifier le phonème initial ou final, à trouver des rimes, à inverser des syllabes ou des sons, à percevoir les différences entre les sons auditivement proches - et la mémoire de travail, soit la capacité de garder une information en mémoire pendant une opération mentale, particulièrement sollicitée lors du décodage (pour maintenir en mémoire les sons lorsqu’on les assemble). Il en résulte une importante fatigabilité qui pénalise les autres apprentissages.

L’autre forme de dyslexie concerne la voie d’adressage : il s’agit de la dyslexie de surface. Qu’est-ce qui la caractérise ? C’est une forme de dyslexie qui affecte la reconnaissance des mots écrits. Françoise Clairet nous explique à quoi cela ressemble en classe : “les élèves rencontrent des difficultés importantes pour lire les mots irréguliers, qui seront lus comme ils s’écrivent. Ils font des erreurs résultant de la confusion de lettres ou de mots visuellement proches”. Ces difficultés sont le résultat de capacités déficitaires : la reconnaissance visuelle des mots d’abord, avec pour conséquence des difficultés à mémoriser l’image des mots, un stock lexical orthographique très pauvre et une lenteur de déchiffrage très marquée. Ensuite le balayage visuel, ce qui entraîne des oublis de mots, des sauts de lignes et également de la lenteur. La lecture se fait laborieuse, très coûteuse au niveau attentionnel - puisque tout est décodé - et au détriment de l’efficacité. La compréhension est mauvaise puisque tout l’effort est mis dans le déchiffrage.

Outre ces deux types de dyslexie, il arrive aussi que les difficultés touchent les deux voies de lecture : on parle alors de dyslexie mixte, ce qui est fréquemment le cas puisque la dyslexie phonologique empêche la création d’images de mots stables dans la mémoire lexicale.

Qu'est-ce que la dysorthographie ?

C’est un trouble structurel qui affecte l’acquisition de l’orthographe. L’élève dysorthographique éprouve de grandes difficultés à apprendre et maîtriser les règles de l’écriture. Des fautes d’orthographe sont observées. Dans la plupart des cas, les types de dyslexie sont associés à ceux de la dysorthographie. D’après l’expérience de Françoise Clairet, les troubles observés en écriture sont souvent parallèles à ceux observés en lecture : les élèves atteints de dyslexie phonologique ont généralement une dysorthographie phonologique avec des difficultés à transcrire des mots nouveaux ou des mots inventés, alors que la transcription de mots appris sera meilleure. Les erreurs relevées ne respectent pas la forme sonore des mots, avec des substitutions, des ajouts des suppressions de phonèmes. De la même façon, la dyslexie de surface se traduit par une dysorthographie de surface au niveau de l’écriture : difficultés à orthographier les mots en respectant leur forme sonore. Les mots sont écrits comme ils se prononcent. 

Bien souvent, les choses ne sont pas si unilatérales. Lorsque les difficultés touchent à la fois la voie d’assemblage et la voie d’adressage en écriture, on parle de dysorthographie mixte. Les erreurs relevées sont à la fois phonologiques, visuelles et grammaticales.

Dyslexie et dysorthographie : les conséquences en classe

Les troubles du langage écrit impactent fortement la scolarité puisqu’ils affectent les compétences clés de la lecture et de l’écriture. Toutes les situations de copie, de dictée, de réponse à des questions, de recherche dans un texte ou encore d’expression écrite sont complexifiées pour les élèves dyslexiques et dysorthographiques. Dans la mesure où ce langage écrit n’est pas acquis, automatisé, les élèves concernés se retrouvent en situation de double tâche. Emilie Martin donne un exemple concret : “Lorsqu’on apprend à conduire, toute notre attention est mobilisée pour réaliser l’ensemble des tâches comme le contrôle des rétroviseurs ou le passage des vitesses. Il est à ce moment impossible de faire autre chose en même temps comme mémoriser une information entendue à la radio ou discuter avec quelqu’un. Et puis un jour, on réalise qu’on est arrivé à destination sans prêter attention à ces tâches : l’acte de conduire a été automatisé, et réalisé avec un niveau de vigilance suffisant, sans effort particulier. Pour l’élève dys, les apprentissages se passent comme s’il n’arrivait jamais à ce stade d’automatisation ! Dans le cas de la lecture, il n’a jamais assez de ressources attentionnelles pour bien comprendre ce qui est écrit, alors qu’il a les mêmes capacités qu’un autre. Mais la tâche n’est pas automatisée.”

L’enjeu de tous les aménagements mis en place pour les élèves dyslexiques et dysorthographiques est donc de soulager cette double tâche pour libérer de l’attention. Cela implique d’alléger la part du langage écrit, que ce soit en lecture ou en transcription, pour leur permettre d’accéder au contenu de la leçon ou de l’exercice

Troubles Dys : quelles aides à l’apprentissage du langage écrit ?

Les aides à la mémorisation

Les élèves dyslexiques et dysorthographiques rencontrent principalement des difficultés dans l’identification du langage écrit et la mémorisation de la correspondance graphème-phonème (image-son). Que faire ? Pour pallier les difficultés phonologiques, on peut passer par des aides visuelles, sémantiques ou kinesthésiques :

  • Les aides visuelles sollicitent la mémoire visuelle en créant une image mentale pour établir un lien entre la forme sonore et la forme graphique. Elles s’appuient généralement sur le sens, qui est un support important de mémorisation. C’est le cas par exemple des images référentes, ou des dessins présentés pour aider à la distinction de graphème visuellement proches (comme le b et le d)
  • Les aides kinesthésiques sollicitent le corps et la mémoire des gestes, que ce soit par l’analyse des sensations corporelles ou par la conscience et la mémorisation du geste moteur. Les gestes Borel Maisonny, utilisés dans la méthode Pilotis, en sont un bon exemple. Ils font le lien entre la forme de la lettre et le phonème associé en mobilisant les capacités proprioceptives. On peut également donner aux élèves des repères sur leurs sensations corporelles et sur les gestes moteurs associés à la prononciation des mots : le A est un son qui se prononce la bouche ouverte et qui vibre dans la gorge. Pour favoriser la mémorisation, on peut également faire un lien sémantique entre le graphème et la position articulatoire (en lui associant une petite histoire par exemple), ou encore proposer de toucher des lettres en relief et de les tracer dans le sable pour faire appel à la mémoire kinesthésique (les sensations du corps). Sophie Billard-Autret évoquait ce principe, avec la méthode Montessori, dans l’épisode 1 du Podcast Vocation : auteur, consacré à l’enseignement de l’écriture.

Les aides au décodage et à la combinatoire

Là encore, pour faciliter le décodage et progresser dans l’apprentissage de la lecture, on peut proposer des aides :

  • visuelles : polices adaptées (une police sans serif comme Arial en taille 14 avec un espacement de 1,5 entre les lettres pour la rendre plus lisible, ou encore la police Opendys, disponible dans tous nos manuels numériques.), alternances de couleur pour faciliter la reconnaissance des syllabes,  lettres muettes grisées pour réduire les régularisations en lecture, syllabes mobiles à combiner et associer…
  • kinesthésiques : les gestes borel maisonny pour rendre la séquentialité des phonèmes plus visuelle et sensorielle et limiter les inversions de son, la mobilisation du corps (marcher au rythme des syllabes d’un mot pour les compter, taper dans les mains…)

Certains élèves dys n’ont pas accès à une conscience phonologique et des capacités de mémoire de travail suffisantes pour découper les mots en phonèmes, ce qui impacte fortement le décodage. Pour les aider, on peut passer par l’assemblage syllabique qui s’appuie sur un découpage en syllabes à mémoriser plutôt qu’en phonèmes. Les jeux d’automatisation de lecture de syllabes sont également utiles pour rendre l’apprentissage ludique. Ils reposent sur la régularité : on propose aux élèves de jouer souvent au même jeu pour automatiser la lecture de syllabes. On retrouve ce principe de jeu dans la boîte de matériel Kit et Siam.

La lecture oralisée est un bon moyen de faciliter l’automatisation de la lecture : elle renforce le lien entre l’oral et l’écrit. On peut également favoriser la constitution d’un stock lexical orthographique par des exercices de copie, de copie différée, d’expression écrite ou encore de dictée. Il importe enfin de varier les supports de lecture pour consolider les acquis et maintenir la motivation des élèves (en leur proposant des jeux par exemple).

Les aides à l'encodage

Les élèves dys, notamment dysorthographiques, ont des difficultés à identifier les sons qui composent un mot et l’ordre de ces sons pour les transcrire. Pour le soutenir dans son apprentissage, on peut utiliser des aides visuelles :

  • des mots à compléter avec des syllabes (mobiles ou non).
  • des supports à remplir pour indiquer le nombre de syllabes et de phonème que contient le mot recherché.
  • des syllabes mobiles pour construire des mots.

L’application La magie des mots est un bon moyen d’automatiser l’encodage : elle permet d’écrire des mots ou des phrases et d’entendre au fur et à mesure leur production.

Quelle aide à la mémorisation de l’orthographe peut-on mettre en place ? Pour Emilie Martin, on ne peut pas uniquement s’appuyer sur la correspondance grapho-phonémique pour transcrire les mots dont l’orthographe est irrégulière. Mais on peut essayer :

  • des aides visuelles : des supports d’orthographes illustrés pour associer image et difficulté orthographique à mémoriser
  • des aides kinesthésiques : écriture de mots les yeux fermés ou dans l’air pour forcer la représentation mentale du mot, solliciter la mémoire et aider à la constitution du stock lexical orthographique.
  •  des aides auditives : le canal privilégié de certains élèves ! On peut ainsi proposer des situations d’épellation de mots à l’endroit, à l’envers, etc.
  •  des aides sémantiques : fréquemment utilisées, il s’agit de moyens mnémotechniques comme “l’accent de la cime est tombé dans l’abîme”
  • des aides morphologiques : il s’agit de construire des mots en étudiant les relations entre les mots d’une même famille. Ces aides s’appuient donc sur les préfixes, les suffixes, les mots dérivés d’un autre, le masculin-féminin…

Pour limiter la double tâche évoquée plus haut, il faut faciliter l’automatisation de l’encodage : si toute l’attention des élèves est mobilisée par la tâche de transcription, ils seront alors incapables de se concentrer sur le contenu de ce qu’ils veulent écrire. Il est donc important de varier les supports pour réinvestir les mots appris. Il peut s’agir de dictées de mots ou de phrases, de productions d’écrits. Voici quelques manières d’utiliser l’encodage :

  • Le Scrabble : on produit des mots par le jeu
  • Le Jeu du Portrait : un élève écrit des consignes qui sont reprises par un autres dans un dessin
  • Les activités quotidiennes : une liste de courses, une invitation, une carte postale… sont autant de moyens de réinvestir les compétences de transcription

 

L’école face aux troubles Dys : quels aménagements prévoir ?

Il est essentiel de rappeler que chaque personne dyslexique ou dysorthographique est unique et que les manifestations de ces troubles peuvent varier considérablement d'un individu à l'autre. Il est donc crucial d'avoir une approche individualisée et adaptée aux besoins spécifiques de chaque élève. La mise en place de la différenciation est essentielle pour soutenir les élèves Dys

L’adaptation scolaire pour les élèves dyslexiques et dysorthographiques

En dépit des aides qui peuvent être mises en place, il persiste souvent un décalage important dans le niveau de maîtrise de la lecture et de l'écriture des élèves dyslexiques et dysorthographiques. Pour leur permettre de bénéficier des mêmes apprentissages que les autres, il faut alors mettre en place des moyens de compensation (souvent définis dans le PAP des élèves concernés). Alors comment, en tant qu’enseignant, compenser ces troubles ? Quelques conseils généraux :

  • Donner les exercices les uns après les autres : cela permet d’éviter la précipitation. Françoise Clairet note par ailleurs que le fait de ne jamais terminer les tâches distribuées affectent grandement l’estime de soi.
  • Réduire la quantité de travail : c’est plus utile que d’accorder du temps supplémentaire, cela évite de mettre l’élève dans une situation où il termine toujours en dernier.
  • Réduire la quantité de travail par exercice : plutôt que de supprimer un exercice complet, cela permet de maintenir la flexibilité de compréhension des différentes consignes et de conserver la variété du contenu. 
  • Faciliter la réalisation des exercices : par exemple en utilisant des pictogrammes pour faciliter la lecture des consignes, ou en proposant des supports visuels (tableaux de conjugaison, tables de multiplication, etc)
  • Adapter la forme des leçons pour faciliter la lisibilité, la compréhension et la mémorisation : on peut faire des phrases courtes, utiliser une présentation avec des tirets, illustrer le texte avec des dessins, ou encore mettre en exergue les mots clés pour faciliter la mémorisation

Lorsque l’on souhaite plus précisément à adapter les activités de lecture, plusieurs aménagements sont possibles :

  • Des textes différenciés distincts, pour permettre aux élèves en difficultés de ne pas avoir à déchiffrer une version incomplète ou moins riche de la même histoire. Pour Françoise Clairet, cela permet de mettre en place des groupes de lecture, sans stigmatisation, où chaque groupe est actif et en position de narrateur de ce qu’il a lu. 
  • Une mise en page adaptée qui passe par : 
    • Une police facile à lire 
    • Une présentation la plus aérée possible avec un texte structuré en paragraphes et précédé d’un plan détaillé, ainsi que des repères visuels. 
    • Une unité de sens présentée sur une même page, c’est à dire un exercice ou un texte complet pour faciliter le balayage visuel
    • L’usage réduit de l’italique, des présentations en colonnes ou des distracteurs visuels
  • L’accès à la culture par d’autres supports que l’écrit, via des livres audio par exemple. Il ne s’agit pas d’éviter la difficulté de la lecture - il demeure essentiel d’aider les élèves à améliorer leur déchiffrage - mais d’éviter de leur faire subir la double peine en cumulant difficultés d’accès à l’écrit et stimulation intellectuelle.

Quels moyens de compensation pour les activités d’écriture ? Les autrices Emilie Martin et Françoise Clairet préconisent d’explorer plusieurs pistes :

  • Privilégier l’interrogation orale 
  • Quand ce n’est pas possible alléger la quantité d’écrit dans les exercices en proposant de n’écrire que les mots cibles
  • N’évaluer l’orthographe que lors des évaluations dont c’est l’objectif
  • Fournir des banques de mots : un dictionnaire, un affichage, un carnet de mots dans lesquels l’élève va s’habituer à aller chercher l’information orthographique qui lui manque et utiliser ce stock de mots en classe pour produire de l’écrit avec le moins d’erreurs possibles et parallèlement mémoriser l’orthographe grâce à un usage fréquent des mots.

Pour les activités de phonologie, les exercices sont à adapter au niveau de l’élève. Si le niveau phonémique n’est pas accessible (et pour certains élèves il ne le sera jamais), on peut proposer de réaliser le même exercice au niveau syllabique (supprimer la syllabe initiale d’un mot au lieu du phonème initial par exemple).

Quels outils pour les élèves ayant des difficultés d’apprentissage ?

Il existe de nombreux outils dont l’usage peut être pertinent en classe. Toutefois l’expérience a montré à Emilie Martin qu’il convient de tester au cas par cas ces outils et leurs effets pour évaluer l’efficacité de leur utilisation sur les élèves concernés.

Pour compenser la dyslexie, certaines règles de couleur aident au balayage visuel. Le surlignage en couleur peut aussi être fait au cours de la lecture sur un ordinateur.

Des filtres de couleur peuvent se superposer sur les textes, ce qui augmente les contrastes et aide certains dyslexiques. Il existe plusieurs couleurs à tester. 

La lecture à haute voix par la synthèse vocale avec une tablette ou un ordinateur s’avère très efficace pour accéder à l’écrit. Cela ne remplace pas forcément la tâche de lecture, elle peut intervenir lorsque la fatigue est trop importante par exemple. Certaines liseuses intègrent à présent la synthèse vocale et permettent de également choisir une police adaptée. Ces outils facilitent la lecture et donnent accès à la culture littéraire.

Le stylo scanner permet de lire un document avec une oreillette, ce qui le rend tout à fait fonctionnel en classe et utile pour la lecture de consignes par exemple.

Pour compenser la dysorthographie, des outils technologiques actuels proposent des aides intéressantes :

  • L’écriture prédictive et la correction orthographique qu’on retrouve sur les tablettes, smartphones et logiciels de traitement de texte
  • La dictée vocale, disponible également sur différents supports. C’est en outre une vraie compétence que l’on peut travailler dès la primaire en faisant de la dictée à l’adulte.
  • Le support écrit du cours : sur papier, sur clé usb…
  • La possibilité de scanner les documents ou les leçons d’un camarade à la fin du cours. Cela peut être fait avec un smartphone mais il existe également des souris scanner. Cela évite à l’élève la double tâche de copie et d’écoute attentive.


Quels outils pour l’enseignant face aux élèves à besoins spécifiques ?

Françoise Clairet et Emilie Martin ont réuni quelques solutions concrètes pour optimiser le soutien des élèves sujets à un trouble du langage écrit.

Des logiciels permettent de colorer aisément les textes et de choisir la façon de les présenter en fonction des besoins. C’est le cas de Lire couleur ou Coupe-Mots qui sont des logiciels gratuits.

Les collections Dys présentent des livres accessibles aux élèves dyslexiques, notamment dans la présentation et la police. Il en existe aujourd’hui beaucoup dans le commerce à commencer par les ouvrages spécial DYS de la collection Sami et Julie.

Le Cartable fantastique est un site internet qui propose des documents et des exercices en deux versions : une pour la classe entière et une pour les élèves à besoins spécifiques.
Les collections Kit et Siam et Pilotis proposent des outils d’adaptation à employer directement comme des syllabes mobiles et des images référentes associées aux gestes Borel Maisonny

Enfin, il peut être intéressant d’utiliser des vidéos en classe entière pour présenter et expliquer la dyslexie aux élèves. Le format court et didactique de cette vidéo 1 jour, 1 question permet de les sensibiliser efficacement à ce trouble.

Pour conclure, avec de l’écoute, de l’adaptabilité et des outils de différenciation, les enseignants contribuent à garantir une école inclusive et équitable pour tous les élèves, y compris ceux confrontés à la dyslexie et à la dysorthographie. Il n’y a pas de façon unique de mettre en place des aides, car tout ne convient pas à tous. Plusieurs essais seront nécessaires, afin d’analyser les difficultés rencontrées, d’observer ce qui fonctionne et de constamment réévaluer en gardant à l’esprit que toute béquille a pour vocation d’être estompée au fur et à mesure jusqu’à ce qu’elle ne soit plus nécessaire.