Pouvez-vous nous dire comment est née votre société et quels en sont les objectifs ?
Maintenancia est née de la volonté de donner de la visibilité à la communauté et aux métiers de la maintenance industrielle. Initialement, Maintenancia s’appelait “Emploi maintenance industrielle” à sa naissance en 2013. J’ai exercé ce métier pendant 20 ans, dans des postes liés à la maintenance, de responsable maintenance, ou de responsable d’un service maintenance jusqu’à des postes de direction générale de PME industrielle. J’ai constaté tout au long de mon parcours que ce sont des métiers qui sont peu connus et qu’il est difficile de recruter. Mais, malgré tout, ce sont des métiers qui représentent des perspectives de carrière et des perspectives d’évolution professionnelles qui sont vraiment passionnantes et variées. Donc j’ai lancé cette plateforme,Maintenancia,sur le thème de l’emploi et de la compétence en maintenance dans le but de promouvoir ces métiers, de rassembler une communauté et aussi dans le but de faciliter le lien entre l’école et l’industrie.
En parlant d’école : vous avez une collaboration avec Hachette Technique, en quoi cela consiste-t-il ?
Hachette Technique nous a sollicité dans le but d’ancrer leur Guide de la maintenance dans la réalité professionnelle. Nous mettons à disposition des supports d’aide à la recherche d’emploi qui seront intégrés dans le Guide, comme un simulateur d’entretien, des tutoriels.
Nous y avons aussi dédié deux épisodes de notre podcast Maintivox, qui est disponible sur les plateformes de podcast tel que Deezer, Spotify, iTunes. Nous avons créé ces deux épisodes pour illustrer ce Guide de la maintenance. On y interroge deux techniciens de maintenance pour illustrer de façon concrète certains chapitres du guide.
L’idée c’est de permettre aux élèves de se projeter et de projeter leurs apprentissages dans une réalité professionnelle. On y aborde le parcours scolaire et professionnel de ces deux techniciens, leurs motivations pour ce métier, des exemples concrets de missions qu’ils réalisent et on y aborde aussi des aspects liés à la sécurité et à l’environnement lié à leurs activités.
C’est vraiment très complet.
On essaye de vraiment donner une dimension concrète et professionnelle à un enseignement qui peut paraître théorique.
La maintenance aujourd’hui est en plein essor. Quels sont selon vous les atouts d’une telle filière ?
Effectivement. C’est une filière qui, sur les 30 dernières années, a vu ses effectifs pratiquement doubler. C’est vraiment une profession en croissance permanente et avec les progrès techniques les entreprises investissent régulièrement dans de nouveaux équipements, et de plus en plus d’équipements industriels. Par voie de conséquence, ces entreprises ont besoin de techniciens pour assurer la maintenance et la pérennité des équipements. Dans mon travail je suis en contact avec beaucoup d’industriels qui cherchent ces profils, et je peux vous dire que c’est réellement un marché très porteur pour des candidats qualifiés, ils ont vraiment la main sur ce marché. Donc je dirais que le premier atout de cette filière c’est vraiment l’emploi.
Ensuite, c’est un métier qui demande une grande capacité d’analyse et de diagnostic : le technicien est tous les jours confronté à de nouvelles problématiques et donc, pour celui qui cherche un métier à la fois technique et varié, sans routine, c’est vraiment une filière idéale qui lui ouvrira beaucoup de perspectives.
On peut aussi exercer ce métier dans différents secteurs d’activité tout au long de sa carrière. À mon avis, c’est une filière d’avenir qui est vraiment portée par la révolution numérique qui est en train d’arriver avec ce concept d’industrie du futur et de maintenance 4.0.
Pourriez-vous détailler un petit peu plus ce qu'est la maintenance 4.0 ?
Dans les années 70-80, on a eu une forte automatisation et une forte robotisation de l’industrie. Cette période a été marquée par la troisième révolution industrielle qui a été l’arrivée de ces technologies. Aujourd’hui on assiste à une nouvelle révolution industrielle, la 4e révolution industrielle, qu’on appelle industrie 4.0 ou industrie du futur. L’idée c’est que cette nouvelle étape correspond à une vision, une nouvelle façon d’organiser les moyens de production qui s’appuient beaucoup sur le numérique, sur la digitalisation des outils utilisés par les techniciens et les ingénieurs, et des méthodes de travail qui ont pour objectif d’augmenter la productivité des processus industriels. La stratégie de maintenance de ces équipements ultras connectés va aussi changer, et c’est ça qu’on appelle la maintenance 4.0.
De façon concrète, dans cette maintenance 4.0, l’utilisation sur les machines de capteurs en tous genres qui seront reliés à des plateformes Internet, donc des plateformes IoT (Internet des objets) va permettre de collecter une grande masse de données sur les caractéristiques du process, sur la façon dont les machines se comportent, des vibrations, des températures etc. Ces données, que l’on va recueillir en masse et en temps réel, vont pouvoir être exploitées grâce à des algorithmes. C’est ça le principe de cette nouvelle révolution et ce qui fait cette maintenance 4.0.
Ça a un impact très important sur l’organisation des services de maintenance.
Que conseilleriez-vous à des élèves qui souhaiteraient se lancer dans la maintenance, et en particulier dans un rôle de technicien que vous évoquiez tout à l’heure ?
Je leur dirais tout d’abord que c’est un très bon choix d’orientation professionnelle parce que, comme je l’ai dit tout à l’heure, c’est un métier qui est en pleine évolution, avec cette 4e révolution industrielle. Je suis convaincu que la maintenance va jouer un rôle extrêmement important parce que l’industrie cherche de nouveaux leviers de productivité et la maintenance est un vivier important de leviers, qui va permettre tout simplement aux usines de fonctionner plus longtemps. Je dirais donc que c’est un très bon choix, un choix stratégique et un choix d’avenir.
Ils vont pouvoir aussi découvrir de nouveaux concepts avec l’utilisation et l’arrivée de l’intelligence artificielle, et une nouvelle façon de voir la maintenance avec ce que l’on va appeler la maintenance prévisionnelle qui permet justement de pouvoir anticiper les pannes et les défaillances techniques.
Je leur dirais aussi que les enseignements techniques vont rester la base du métier. Le métier de technicien de maintenance ou d’ingénieur maintenance, c’est un métier technique, au départ : ses fondamentaux vont rester, ils sont extrêmement importants. Ce qui va vraiment faire la différence c’est qu’un technicien de maintenance, pour exercer son métier doit impérativement maîtriser aussi des notions de sécurité, d’environnement, avoir des bases d’anglais pour lire des manuels, pour trouver de l’information.
Je dirais que dans les compétences qu’il devra développer aussi, les compétences de communication avec les autres vont être extrêmement importantes pour pouvoir travailler en équipe parce que de plus en plus les entreprises vont travailler en mode projet. Je pense que ces compétences humaines vont de plus en plus faire la différence. Alors bien sûr, comme je l’ai dit, les compétences techniques sont extrêmement importantes. Mais ces compétences humaines vont faire que le technicien de demain va pouvoir exercer son métier en toute autonomie.
Le nouveau référenciel du baccalauréat des métiers de la maintenance met en avant justement un certain nombre de tâches et de compétences à acquérir par les élèves en vue de leur professionnalisation. En quelques mots, selon vous quels sont les points des référentiels les plus importants ?
Comme je l’ai dit tout à l’heure, toutes les compétences techniques qui sont mentionnées dans ce référentiel sont vraiment importantes, parce qu’elles constituent le socle minimum indispensable pour exercer son métier. Cette usine du futur met de plus en plus les différents services des entreprises en connexion, en mode projet, donc les élèves doivent vraiment intégrer cette idée que c’est le savoir-être, c’est-à-dire leur capacité à travailler en équipe et à communiquer, qui fera la différence.
Quelles ressources pourriez-vous conseiller à des enseignants pour qu’ils accompagnent au mieux leurs élèves dans leur formation aux métiers de la maintenance ?
Il y a le Guide de la maintenance Hachette, qui à mon avis va être un guide de référence, parce qu’il y a beaucoup d’informations très intéressantes. J’ai eu la chance de voir les enseignants travailler sur les différents chapitres et je suis convaincu qu’ils y ont mis tout leur cœur dans cet ouvrage.
Ensuite il y a les salons professionnels qui, à mon avis, sont un excellent endroit pour rencontrer des professionnels. Sur ces salons il y a des gens passionnés par leurs métiers, des rencontres intéressantes à faire, une bonne façon d’illustrer des enseignements théoriques, il faut pousser ses élèves à aller sur ces salons et à acquérir de l’information.
On l’a vu maintenant avec le confinement, le numérique devient de plus en plus important et l’offre de vidéo, de visioconférence a vraiment explosé et donc c’est aussi une nouvelle façon de trouver des ressources utilisables en cours extrêmement intéressante d’un point de vue pédagogique.
Et bien sûr aussi la plateforme Maintenancia qui est en train de se développer, sur laquelle on va trouver de plus en plus d’infos, de partages entre les industriels et les écoles pour pouvoir justement créer du lien.
Merci beaucoup pour toutes ces informations, ces précisions et cet éclairage sur la maintenance 4.0. !