Dites-m’en un petit peu plus, qui êtes-vous ?
Je suis un inspecteur de l’Education Nationale, un inspecteur avec de l’expérience si je puis le dire comme ça, en tous cas avec de l’ancienneté. J’ai commencé mes missions d’inspecteur en 1990 et je suis spécialisée dans les filières vente, logistique, transports, sécurité mais pour ce qui nous concerne aujourd’hui, la vente.
Qu’est-ce qui change avec cette réforme en quelques mots ?
Par rapport aux 3 Bacs Pro qui existaient dans le domaine du tertiaire commercial, c’est-à-dire on avait un Bac Pro Commerce, un Bac Pro Vente et un Bac Pro Accueil, on a déjà une réduction à 2 baccalauréats professionnels dont 1 avec 2 options (Bac Pro Métiers du Commerce et de la Vente) où il y a deux options qui correspondent à de l’animation quand il s’agit de la filière Commerce d’origine et de la prospection et mise en valeur de produits quand il s’agit de l’option B de ce baccalauréat.
Donc on a effectivement revu les contenus mais on a aussi reconfiguré l’ensemble du paysage des Bac Pro dans le domaine du tertiaire commercial.
Pour le coup, c’est beaucoup plus en phase avec une réalité d’aujourd’hui ?
Oui, vous avez tout à fait raison. En termes de lisibilité pour les enseignants et les familles les intitulés ont été revus, notamment ont été éclaircis avec les deux options. On s’aperçoit de toute façon que « vendre » que l’on soit en option A ou B, ça répond toujours aux mêmes critères ou aux mêmes phases de découverte des besoins ou de découverte du client, donc cela reste de la Vente.
Dans ce baccalauréat à deux options on a 4 groupes de compétences, 3 communs aux 2 options et 1 qui spécialise l’apprenant qui va se diriger soit vers de l’unité commerciale, la gestion de rayons, l’animation soit vers de la prospection.
Comment accompagnez-vous les enseignants ? Comment les rassurer ?
Sur le terrain, on les accompagne. Un inspecteur les accompagne forcément et on leur montre que finalement ils se sont au fil du temps spécialisés eux-mêmes, mais que pour autant ils font le même métier. L’approche dans laquelle l’enseignant ne sera pas spécialisé ne peut être qu’un plus pour l’élève qui ne verra pas « celui-là prof de vente, celui-là prof de commerce. » et même dans la répartition des services dans un établissement, c’est important de savoir à un moment donné que cette personne là peut en remplacer une autre. Ce n’est pas parce qu’elle n’a fait que de la Vente qu’elle ne va pas pouvoir être interchangeable. Avant l’élève ne comprenait pas, il disait : « il y a Vente, il y a Commerce, et moi je dois connaître les deux. » Maintenant, il va avoir en face de lui des enseignants qui maitrisent les deux et ça ne peut être que formateur et positif, pas de spécialisation des enseignants c’est plus riche.
Cette spécialisation, elle se faisait aussi par rapport au Bac Accueil, on avait des spécialistes de l’Accueil. Le Bac Accueil relève de la filière Vente donc un professeur qui enseigne en Commerce Vente option A ou B, peut aussi appréhender le Bac Métier de l’Accueil. Ça, c’est important aussi.
Ce n’est qu’en classe de seconde qu’on a une famille de métiers de la relation client où un élève doit appréhender les 3 types de filières, donc si lui est à même de découvrir ce que c’est et d’appréhender les compétences du Bac Commerce Vente avec l’option A, l’option option B et l’Accueil, l’enseignant aussi doit être capable d’enseigner dans les 3.
On travaille un peu en spiralaire… Qu’est-ce que c’est exactement ?
Je suis très contente qu’on aborde l’approche spiralaire. L’approche spiralaire c’est le fait d’aborder une compétence plusieurs fois sur le cycle de compétences, mais pas plusieurs fois pour correspondre au vieil adage qui dit que la pédagogie, c’est l’art de la répétition, non. C’est pour aborder une compétence, l’appréhender avec des élèves dans une situation simple et pour au fur et à mesure du cycle de formation appréhender toujours cette même compétence mais dans des contextes professionnels de plus en plus complexes et on approfondit.
Un exemple c’est la gestion des clients. Quand on a un client gentil qui vient reporter son petit article qu’il a acheté et qui vient s’excuser presque, c’est facile. Quand on a un client mécontent, qui râle et qui fait un scandale dans le magasin, il faut apprendre à le gérer. Pour autant, c’est toujours la même compétence et donc c’est vrai qu’un élève qui sort de 3ème on ne va pas déjà lui demander d’appréhender ce client difficile qui va tout casser dans le magasin. C’est quelque chose qui s’acquiert petit à petit.