Qu’est-ce que l’école inclusive ? Comment la mettre en place ?

L’école inclusive est un cadre scolaire qui se met au service de tous les élèves, quelle que soit leur situation. Mais concrètement, qu’est-ce que l’école inclusive ? Comment la met-on en place dans des classes surchargées ?  

Aujourd’hui, plus de 400 000 enfants et jeunes en situation de handicap sont concernés par l’école inclusive en France. Ce concept n’est pas nouveau, mais il suscite des interrogations de la part des parents et des enseignants

Qu'est-ce que l'école inclusive ? 

Les termes d’école inclusive et d’inclusion scolaire sont souvent utilisés comme synonymes. Il existe toutefois une nuance qu’il convient d’évoquer.

L’école inclusive, c’est un environnement scolaire et périscolaire qui se met au service de tous les enfants, dont ceux à besoins spécifiques. L’inclusion scolaire, c’est le processus par lequel un système scolaire se transforme pour améliorer sa capacité à répondre aux besoins spécifiques des apprenants.

A contrario de l’éducation intégrative où l’on « intègre » des élèves à Besoins Éducatifs Particuliers (les BEP appelés SEN dans les modèles anglo-saxons, Students with Educational Needs) dans un système traditionnel, l’inclusion scolaire insiste sur une approche différente : ce n’est plus à l’apprenant de s’adapter au système mais c’est le rôle de l’école et de ses acteurs de s’adapter et de se transformer pour que tous les apprenants bénéficient des mêmes droits en matière

Qui est concerné par l’inclusion scolaire ?

À chaque pays son système scolaire et son école inclusive. Certains pays considèrent l’inclusion scolaire comme un ensemble de procédés pédagogiques visant à aider des élèves potentiellement en risque d’échec (élèves présentant des difficultés d’apprentissage, élèves handicapés, enfants défavorisés, enfants précoces, etc). D’autres, comme la France, utilisent le terme de façon plus restrictive au sujet d’enfants présentant des besoins spécifiques liés à des handicaps ou à des difficultés d’apprentissage.

En France, l’accueil de ces élèves a triplé depuis 2005, année de la Loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, qui pose comme droit fondamental le droit à l’éducation pour TOUS les enfants.

Cette loi a par ailleurs été renforcée par la Circulaire de rentrée 2019 pour une École Inclusive, qui dresse les points essentiels à mettre en œuvre « afin de ne laisser aucun élève au bord du chemin », avec notamment la création d’un service départemental École inclusive.

 

Milieu ordinaire ou spécialisé ?

Les élèves concernés par l'école inclusive sont scolarisés :

- soit en milieu scolaire ordinaire avec l’appui d’un projet personnalisé de scolarisation (PPS) et peuvent aussi bénéficier d’un dispositif ULIS ;

- soit dans un Institut médico-éducatif (IME) ou un Institut thérapeutique éducatif et pédagogique (ITEP)

Il existe aujourd’hui des Pial (Pôles inclusifs d’accompagnement localisés) au niveau des circonscriptions et des établissements du second degré qui permettent l’organisation et la coordination des moyens d’accompagnement des élèves en situation de handicap. Ainsi après avoir identifié les besoins des élèves, les Pial assurent la mise en place des aménagements du projet personnalisé de scolarisation (PPS) avec une série de dispositifs et pratiques pédagogiques : du matériel adapté (par exemple : la police d’écriture Opendys pour les enfants présentant des troubles dyslexiques, des aménagements en tiers-temps pour les examens) et un accompagnement individualisé avec une AESH (Accompagnant d’élèves en situation de handicap).

Si l’état de santé de l’enfant nécessite que l’enseignement soit plus spécifiquement adapté à ses besoins, on propose alors le dispositif ULIS. Un élève orienté en ULIS est celui qui, en plus des aménagements et adaptations pédagogiques mis en œuvre par l’équipe éducative, nécessite un enseignement adapté et dont le handicap ne permet pas une scolarisation individuelle continue dans une classe ordinaire.*

 

Les avantages de l’inclusion scolaire

Les études menées au gré des années montrent la multiplicité des avantages de l’inclusion scolaire pour les enfants présentant un handicap ainsi que pour leurs camarades : 

  • Un développement d’appartenance à une communauté ;
  • Une meilleure estime de soi ;
  • De nouvelles opportunités d’apprentissage ;
  • Un travail sur des objectifs personnalisés et en adéquation avec le potentiel de chacun ;
  • Des opportunités de vie en communauté avec l’acceptation de l’autre et de ses différences.

L’inclusion scolaire : un véritable challenge à mettre en place

C’est un bouleversement pédagogique qui s’opère avec le système d’inclusion. Une question se pose : comment inclure les enfants en situation de handicap dans le système d’apprentissage existant ?

Pour réaliser avec succès ce changement pédagogique majeur, des formations pour les enseignants sont bien sûr nécessaires. Mais au-delà, c’est généralement l’éducation elle-même qu’il faut repenser, ce qui est un vrai défi ! En effet, accueillir et soutenir un enfant handicapé dans une classe qui connaît par ailleurs d’autres problématiques peut être ressenti comme un immense défi. L’enseignant doit adapter ses outils, ses méthodes pédagogiques, parfois même son langage pour accompagner un groupe d’enfants avec des aptitudes et facilités d’apprentissage diverses. À cela s’ajoute la création de ressources toujours plus différenciées et le suivi régulier des actions menées dans le cadre de l’école inclusive.

 

Relever les défis de l’école inclusive

Mme Julie-Anne Dereclenne, conseillère pédagogique Chartres IV très investie dans l’adaptation pédagogique, nous a confié quelques principes de base essentiels à l’inclusion scolaire et qui peuvent bénéficier à l’ensemble des élèves de la classe. Les voici !

L'utilisation de supports visuels

On peut proposer aux élèves en difficulté des cartes mentales ou des schémas, en production d’écrits par exemple, qui pourront les soulager dans l’effort de structuration du texte. Le développement des représentations mentales des élèves est également nécessaire et sera favorisé par la manipulation et les supports imagés. Il est important par ailleurs que, dans l’espace de la classe, des codes visuels simples et clairs soient utilisés comme l’affichage des règles de vie ou l’emploi du temps illustrés par des pictogrammes.

La différenciation par l’anticipation

L’anticipation peut permettre aux élèves fragiles de ne pas se trouver en situation de difficulté lors d’une activité. Par exemple, pour préparer un travail sur la compréhension de texte en niveau élémentaire, on peut envisager de lire en amont le texte aux élèves qui rencontrent des difficultés de déchiffrage. Cela leur permettra d’être plus autonomes et en réussite au moment de répondre à des questions de compréhension en classe.

La structuration du temps

Un affichage explicite de l’emploi du temps voire des modalités de travail dans la classe (phase individuelle, travail de groupe…) peut permettre aux élèves fragiles de structurer leur journée et leurs activités. D’autre part, au sein d’une même activité, le séquençage des tâches peut également être un réel appui pour les élèves en difficulté.

Une différenciation efficace

Afin de pratiquer une différenciation pédagogique efficace, non stigmatisante et qui ne creuse pas les écarts, il est préférable de donner un même exercice à tous en agissant sur l’étayage par l’adulte et/ou par du matériel de manipulation. On pourra par ailleurs séquencer les consignes et les tâches en fonction des aptitudes de chacun.

Une structuration de l’espace

Un enfant, en difficulté ou non, a besoin de repères dans l’espace. Cela lui permet de créer des habitudes et des automatismes. Chaque objet doit être à sa place pour favoriser l’acquisition de mécanismes d’apprentissage. On va pouvoir créer une routine en organisant l’espace de façon claire.

L'autonomisation des élèves

Par manque de temps, on a parfois tendance en tant qu’enseignant à vouloir faire les choses à la place des élèves. Il est important de réinterroger nos habitudes à ce sujet. Il en va de même pour le travail avec les AESH. Il faut veiller à ne pas rendre les élèves dépendants mais, au contraire, les mener peu à peu vers l’autonomie sans les stigmatiser. Il faut veiller à ne pas « désautonomiser » les élèves sous prétexte qu’ils sont en difficulté.

L’accessibilité du savoir pour tous

Les rampes d’accès ont été créées pour des personnes à mobilité réduite. Mais ce n'en sont pas les seuls utilisateurs : les personnes valides s'en servent également. C’est la même chose pour l’inclusion scolaire : on doit créer des outils pédagogiques explicites et adaptés aux plus fragiles (simplifiés) qui pourront servir à tous.

 

Pour aller plus loin...

Une sélection de ressources numériques réalisée par l'Observatoire des ressources numériques adaptées (ORNA)

Des outils pour les dys mais qui peuvent être utiles à tous

La conférence de Mme Toullec, MCF à l'université de Nantes

La conférence de M. Caroff, IEN

Un ensemble de ressources pour accompagner les élèves aux besoins éducatifs particuliers